Formation
21 juillet 2025

Depuis la crise sanitaire, les jugements à l’égard des jeunes actifs se multiplient. La génération Z serait moins investie que ses aînés, obnubilée par le télétravail, moins respectueuse de l’autorité et peu disposée à faire carrière. Mais ces affirmations tiennent-elles vraiment la route ? 

Pour y voir plus clair, l’Apec (l’Association Pour l’Emploi des Cadres) et Terra Nova (think tank indépendant) ont mené une étude d’envergure sur 5 000 actifs, dont 3 000 jeunes de moins de 30 ans. Leur objectif : déconstruire les stéréotypes en analysant factuellement les différences, ou non, de rapport au travail entre générations. 

Rencontre avec Marion Desreumaux, cheffe de projet à l’Apec et co-rédactrice du livre avec Emmanuel Kahn et Suzanne Gorge du livre « Les jeunes et le travail, un faux procès » qui explore le sujet. 

Une  jeunesse en quête d’un engagement réinventé  

Contrairement aux idées reçues, les jeunes actifs ne se désintéressent pas du travail. Ils l’abordent avec pragmatisme, dans un contexte où les repères traditionnels (emploi stable, progression linéaire, sécurité sociale forte) sont moins assurés qu’hier. 

80 % d’entre eux déclarent qu’ils continueraient à travailler même sans contrainte financière, signe que le travail reste pour beaucoup un vecteur de sens, de construction de l’identité et d’utilité sociale.

Loin d’un retrait, leur engagement se traduit aussi dans les pratiques concrètes :

  • 52% déclarent travailler plus en cas de pic d'activité même en l'absence de contrepartie
  • et 70% acceptent de réaliser des missions en dehors de leur fiche de poste.

Il ressort que les jeunes sont victimes de préjugés négatifs par leurs aînés, représentations qu'ils ont eux-mêmes intériorisées. Loin de les valider, l'étude met en avant de nombreuses similitudes avec leurs aînés. 

Cette génération recherche avant tout un travail qui leur permet de progresser rapidement, d’être reconnu, de préserver leur équilibre de vie et de bénéficier d’un management à l’écoute. 

Leur rapport au travail est plus réflexif, plus exigeant, mais aussi plus conditionné par les réalités qu’ils affrontent : précarité des contrats, fortes contraintes physiques ou horaires, faible pouvoir de négociation. 

Ce n’est donc pas uniquement aux jeunes de s'adapter au monde du travail, mais aux entreprises de changer le regard qu’elles portent.  

Les nouveaux défis des entreprises

Pour les entreprises, l’enjeu est donc d’adapter leurs pratiques managériales à cette diversité. Cela implique de sortir d’une approche standardisée, et de construire des réponses individualisées, alignées avec les parcours, les motivations et les contraintes de chacun. 

Il n’y a pas une jeunesse uniforme avec un rapport au travail unique. Il y a des parcours, des expériences, des profils très variés, et cela appelle des réponses plus fines de la part des entreprises. Mieux comprendre les jeunes, c’est déjà sortir des clichés pour reconstruire une relation de confiance.

Cheffe de projet études à l’Apec

Marion Desreumaux

Cette pluralité de profils rappelle que les jeunes attendent des repères, surtout en début de carrière. 

  • Offrir un cadre structurant et des signes de reconnaissance concrets peut faire toute la différence dans la construction d’un rapport positif au travail.
  • Managers, RH, dirigeants : il est donc de la responsabilité de chacun de faire émerger un climat de confiance, fondé sur l’écoute, la clarté et l’équité.

3 leviers d’actions pour un meilleur alignement 

  • Donner des perspectives concrètes dès l’embauche avec les montées en compétences et des possibilités d’apprentissage par le collectif du travail.
  • Valoriser les apports intergénérationnels plutôt que de renforcer les clivages.
  • Accepter la complexité des parcours, y compris les temps d’exploration, les bifurcations ou les envies d’alignement éthique. 

Et surtout, ne pas oublier que cette vision renouvelée de la jeunesse, peut justement devenir un levier précieux pour aider les entreprises à repenser leurs pratiques et à mieux anticiper les évolutions du monde du travail. Une richesse dont il ne faut pas se priver !