Evénement
18 septembre 2023

Au sein de l’antenne Auvergne-Rhône-Alpes d’Atlas, Corentin Berthet est développeur de l’alternance depuis 2021. Il analyse et décrypte l’activité liée à l’Alternance à Lyon et dans les départements les plus dynamiques : Isère, Savoie et Haute-Savoie. Il présente également ses futurs projets pour promouvoir les métiers des Bureaux d’Études, de l’Assurance, la Banque et les Sociétés Financières, les Experts-comptables et Commissaires aux comptes.

Comment analysez-vous l’activité liée à l’Alternance au sein de l’antenne Auvergne-Rhône-Alpes ?

L’Auvergne-Rhône-Alpes compte le plus grand nombre de contrats en alternance, après la région Île-de-France. Les départements les plus dynamiques sont : le Rhône, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie. En 2022, l’activité de l’alternance a été très forte et en particulier au niveau de l’apprentissage. En effet, plus de 13 000 contrats en alternance ont été financés, soit une hausse de 25 % entre 2021 et 2022. Cette progression est bien supérieure à celle observée au niveau national (18 %).

L’ensemble des entreprises privilégie les contrats d’apprentissage (11 900). Tandis que les entreprises de plus de 300 salariés concluent davantage de contrats de professionnalisation (1 400). Au sein de l’Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon (3e ville de France) concentre la majorité des contrats en alternance (60 %).

Depuis plusieurs années, la région accueille 8 pôles de compétitivité :

  • 4 dans le Rhône (Axelera, Techtera, CARA, Lyonbiopôle) ;
  • 1 en Haute-Savoie (CIMES) ;
  • 1 dans l’Ain (Plastipolis) ;
  • et 2 en Isère (Minalogic, Tenerrdis).

Il y a 13 Pôles de compétitivité en Aura depuis 2023.

De son côté, la Métropole lyonnaise mène une politique innovante et attractive pour attirer les grandes entreprises sur son territoire (Renault Trucks, Panzani, Merck Santé…), et en particulier celles du secteur du numérique. Enfin, Lyon constitue le second site d’enseignement supérieur français, avec plus de 175 000 étudiants. En 2021, des campus régionaux dédiés au numérique ont été créés pour répondre aux besoins des entreprises.

Au regard de la progression de l’apprentissage, le développement du contrat de professionnalisation reste stable.

Comment sont répartis les contrats en alternance ?

Après le Rhône, l’Isère est le deuxième département le plus dynamique en matière d’alternance (13 %). L’implantation d’un Pôle européen de l’ingénierie numérique et celle d’un centre de recherche du Commissariat à l'Énergie atomique (spécialisé dans le nucléaire, la défense, la sécurité, et l'énergie bas carbone) à Grenoble contribue à son essor. Ces entreprises recherchent de jeunes diplômés formés aux métiers du numérique et de l’ingénierie. Viennent ensuite la Savoie et la Haute-Savoie. Ces deux départements concentrent près de 8 % des contrats en alternance. Les 19 % restants sont répartis entre les autres départements : l’Ain, l’Allier, l’Ardèche, le Cantal, la Drôme, la Loire, la Haute-Loire, et le Puy-de-Dôme. Notez qu’en Auvergne (Clermont-Ferrand, chef-lieu du Puy-de-Dôme), les problématiques sont différentes : l’offre de formation reste limitée et les transports publics sont peu développés.

Concrètement, 40 % des contrats d’apprentissage environ sont conclus dans des entreprises de moins de 11 salariés ; et près de 40 % des contrats de professionnalisation sont conclus dans des entreprises de plus de 300 salariés.

Craignez-vous une future baisse de l’apprentissage ?

Les entreprises obtiennent des aides pour recruter leurs alternants (sans ou avec un faible reste à charge). Finalement, les baisses des NPEC (ou coût-contrat) n’impactent que les CFA/OFA. Surtout pour les petites structures qui proposent des promotions assez réduites. Coûteuses et pas assez rentables, ces formations pourraient fermer. Toutefois, les étudiants auraient la possibilité de s’inscrire dans d’autres organismes qui ont la capacité de les accueillir. Sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons la chance d’avoir une offre de formation assez riche.

L’alternance est un excellent moyen de préparer les embauches futures, voire les embauches actuelles. Les entreprises continueront de recruter des alternants. Mais une telle hausse (20 %) se poursuivra-t-elle chaque année ? Je ne pense pas. Nous finirons par atteindre un plafond au-delà duquel on ne pourra plus embaucher d’alternant. Aujourd’hui, il existe de nombreuses opportunités dans nos secteurs d’activité ; par exemple, les entreprises du numérique et les cabinets d’expert-comptable publient régulièrement des offres d’emploi (en CDI ou en contrats d’apprentissage) qui ne sont pas pourvues.

Le numérique a des besoins importants, notamment parce que les métiers changent très vite. Cela devient compliqué pour les candidats de posséder l’ensemble des compétences recherchées. À l’inverse, les métiers de l’expertise-comptable et plus particulièrement ceux du Conseil auprès des entreprises dans le domaine de la gestion financière, sont très peu connus et peu attractifs auprès des jeunes qui ne pensent pas nécessairement à s’orienter vers cette formation après le Bac.

Recruter plus d’alternants au-delà de ce qui est possible n’est pas souhaitable parce que nous devons aussi les accompagner dans les entreprises et sécuriser leur parcours.

Vous évoquez une offre de formation importante dans votre région. Combien de CFA sont implantés et quels sont les principaux diplômes proposés ?

En 2022, plus de 600 organismes de formation proposent au moins une formation en alternance conclue avec une entreprise de la région dans les domaines de nos branches : Bureau d'études, Banque et Sociétés Financières, Assurance, Experts-comptables et Commissaires aux comptes.

Les certifications les plus dispensées concernent des diplômes allant de Bac+2 à Bac+5, en :

  • Comptabilité-gestion : BTS CG, DCG… ;
  • Gestion paie ;
  • Numérique : IA, développement informatique, cybersécurité et data.

Quelles sont vos branches les plus dynamiques ?

Parmi les branches les plus dynamiques, on retrouve celle du Bureau d'études et celle du numérique. Ce sont celles qui recrutent le plus d’alternants. Vient ensuite la branche de l’expertise-comptable.

Quel est le taux de rupture au sein de votre antenne ?

Notre taux de rupture a légèrement augmenté par rapport aux années précédentes. Il se situe entre 14 et 15 % et est plus élevé par rapport au taux national (13 %). Néanmoins, ces chiffres restent faibles, car les alternants ont déjà réfléchi à leur carrière professionnelle lorsqu’ils s’orientent vers nos certifications qui vont du Bac+2 au Bac+5.

Plus couramment, les ruptures de contrat sont liées à la formation des tuteurs surtout dans les structures de moins de 11 salariés (Assurance). Nous essayons de les sensibiliser au rôle primordial du tuteur. Notre objectif est de nous assurer que l’alternance se passe le mieux possible pour l’entreprise, afin d'éviter les ruptures. Aussi, j’entretiens une relation de proximité et une collaboration étroite avec les CFA/OFA. Je présente et promeus les différents métiers aux candidats. Et, par notre action quotidienne, nous espérons limiter ces ruptures.

Quelles sont les spécificités de votre région ?

Le secteur des jeux vidéo recrute de plus en plus d’alternants. Le principal frein identifié était un rythme de formation incompatible avec leur organisation. Les studios de jeux vidéo travaillent sur des projets très longs. Depuis 2020, l’association Game Only (Rhône-Alpes) accompagne ces entreprises pour la mise en place de leur contrat en alternance. Pour faire face à la pénurie de talents, ces entreprises et les CFA/OFA se sont adaptés aux différentes contraintes. Les organismes de formation ont notamment modifié leur calendrier et créé des sessions sur mesure pour coller aux besoins des studios.

À titre d’exemple, un plan de la région Rhône-Alpes a permis à Simplon d’ouvrir un parcours de développeur VR. Ainsi, 15 demandeurs d’emploi se sont formés à la réalité virtuelle et aux jeux vidéo. Une remise à niveau a été réalisée en amont, financée par la région et par Pôle emploi. Puis, la formation, validée par la branche, a été financée par Atlas.

Quels sont vos projets pour promouvoir les métiers de vos branches ?

Nous sommes actuellement en pourparlers avec l’Agence Auvergne-Rhône-Alpes Orientation, qui est une émanation de la région (en charge du développement de la promotion des métiers), afin de mettre en place certaines actions en collaboration avec la caravane des métiers ou le bus de l’orientation. Ils vont à la rencontre des jeunes de la région pour assurer la promotion des métiers. Atlas dispose d’outils pour promouvoir tous les métiers de nos branches. Nous mettrons nos outils à la disposition du personnel de la caravane des métiers et du bus de l’orientation, afin qu’ils puissent les utiliser auprès des jeunes qu’ils rencontreront.

En fin d’année, nous participons au Mondial des Métiers à Eurexpo-Lyon. Cet événement, organisé par Auvergne-Rhône-Alpes Orientation, a pour objectif de favoriser la découverte des métiers et de communiquer sur les formations, les secteurs d’activité et les débouchés professionnels. Pendant quatre jours, nous intervenons, avec des écoles et des associations partenaires, pour présenter aux jeunes et aux parents, les métiers de la branche des Bureaux d'études, du numérique, de l’ingénierie, du conseil, et de l'événementiel. Par exemple, sur notre stand, deux associations aborderont la mixité dans les métiers du numérique et de l’ingénierie. Et, une quinzaine de structures (majoritairement des CFA), accompagnée de leurs alternants ou d'étudiants, présenteront leur projet aux différents participants du salon.