Evénement
13 octobre 2023

Au sein de l’antenne Centre-Val de Loire d’Atlas, sise à Nantes, Christelle Mucyo est développeuse de l’alternance depuis 2022. Elle décrypte les spécificités de la région Centre-Val de Loire dont elle a la responsabilité et présente certaines actions mises en place pour développer l’alternance et limiter les ruptures de contrat.

Comment analysez-vous l’activité liée à l’alternance au sein de l’antenne Centre-Val de Loire ?

Le Centre-Val de Loire est composé de six départements : le Cher, l’Eure-et-Loir, l’Indre, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher et le Loiret et six communes : Tours, Orléans, Bourges, Blois, Châteauroux et Chartres. Au sein de cette région, l’activité de l’alternance est impactée par les variations observées entre secteurs d’activité et secteurs géographiques, par taille d’entreprise.

Les contrats en alternance se concentrent autour des villes de :

  • Tours et Orléans (33 %) ;
  • Chartres (13 %) ;
  • Blois (10 %) ;
  • Châteauroux (4 %).

Et, on note que les entreprises de moins de 11 salariés ont davantage recours à l’apprentissage. En 2022, elles ont signé 47,5 % de contrats d’apprentissage (CAPP) contre 26,2 % de contrats de professionnalisation (CPRO). Viennent ensuite les entreprises de 11 à moins de 50 salariés, avec 13,2 % CAPP et 7,7 % CPRO. Puis les entreprises de 50 à moins de 300 salariés, avec 7,2 % CAPP et 5,5 % CPRO. Et enfin, pour les entreprises de 300 salariés et plus, cette tendance s’inverse avec 60,10 % CPRO signés et 31,30 % CAPP.

Quels sont les chiffres de l’alternance en 2022 ?

En 2022, l’alternance a été très dynamique dans le Centre-Val de Loire, et particulièrement au niveau de l’apprentissage. Les CAPP représentent 2,5 % au niveau national ; pour autant, on constate une progression de 10,5 % des contrats par rapport à l’année précédente. En outre, les entreprises adhérentes d’Atlas ont signé 1 783 CAPP (soit +83,30 % en un an), et 234 CPRO (+11,60 %) sur cette même période.

On observe des variations importantes. Comment expliquez-vous ces différences ?

Lors d’un premier recrutement, le CAPP apparaît plus intéressant (jeunes de moins de 30 ans, rémunération, aides de l'État…) notamment pour les TPE/PME. La région Centre-Val de Loire concentre principalement des entreprises de moins de 11 salariés. Ces raisons peuvent expliquer l’importante progression du contrat d’apprentissage (+83 %) par rapport au contrat de professionnalisation (+11 %).

Par ailleurs, le flux de jeunes récurrent à Tours et à Orléans, et le large panel de CFA/OFA implantés dans ces villes, favorisent le développement de l’alternance par les entreprises Tourangelles et Orléanaises. Ainsi, seul un tiers des entreprises adhérentes du Centre-Val de Loire ont recours à l’alternance. Notre prochain objectif sera d’aller chercher ces entreprises qui n’ont jamais recruté d’apprentis et de salariés en contrat de professionnalisation.

Quelles sont les branches les plus dynamiques en matière d’apprentissage ?

Trois branches de nos quatre secteurs d’activité : Assurance, Banque et Sociétés Financières, Experts-comptables et Commissaires aux comptes, et Bureau d'études, recourent principalement à l’alternance. Nous avons la branche Bureau d’études qui est la plus consommatrice de contrats en alternance avec 44,2 % de contrats d’apprentissage et 58,5 % de contrats de professionnalisation.

Vient ensuite la branche expert-comptable et commissaire aux comptes avec :

  • 21 % de contrats d’apprentissage ;
  • Et, 14,5 % de contrats de professionnalisation. 

Enfin, c’est la branche Assurance (et notamment les agents généraux d’assurance) qui recourt dans une moindre mesure à l’alternance (7,4 % de CAPP et 6,6 % de CPRO).

Est-ce que les jeunes s’orientent vers un métier ou un secteur d’activité en particulier ?

Les certifications les plus recherchées par les jeunes sont les diplômes allant de bac +2 à bac+5 en :

  • Comptabilité-gestion (de bac+ à bac+5) ;
  • BTS Négociation et Digitalisation de la Relation Client (bac+2) ;
  • Licence Assurance - Banque (bac+3).

Par exemple l’année dernière nous avons enregistré pour l’antenne Centre-Val de Loire :

  • 113 dossiers pour la licence en Comptabilité-gestion (DCG), soit 5,5 % des contrats en alternance ;
  • 64 dossiers pour le BTS en Comptabilité-gestion (soit 3,7 %) ;
  • 71 dossiers pour le BTS des négociations et digitalisation de la relation client (soit près de 4 %).

Depuis la rentrée, vous sensibilisez les entreprises n’ayant jamais eu recours à l’alternance. Pouvez-vous détailler la stratégie d’Atlas ?

La stratégie d’Atlas consiste à aller vers les entreprises adhérentes non-utilisatrices de l’alternance. En d’autres termes, elle vise à renforcer la relation de proximité que nous entretenons avec elles. Concrètement, nous avons recensé toutes les entreprises adhérentes qui n’ont jamais eu recours aux dispositifs de l’alternance ; à ce jour, elles sont au nombre de 1 187, soit les 2/3 des entreprises de mon secteur.

Nous devons contacter leurs dirigeants pour connaître leur niveau d’information en matière d’alternance. Avoir un alternant comme renfort peut être un atout pour des structures d’un ou de deux salariés. Mais bon nombre d’entre eux ignorent qu’ils peuvent recruter un apprenti ou une personne en contrat de professionnalisation, et en particulier qu’ils peuvent bénéficier d’aides financières. Néanmoins, nous observons que de plus en plus de PME-TPE contactent leur Opco pour obtenir des informations sur ces dispositifs.

Dans le prolongement de ce recensement, nous réaliserons en septembre une campagne de communication auprès de ces 1 187 entreprises pour les sensibiliser aux dispositifs de l’alternance. Après cette prise de contact, nous rencontrerons leurs dirigeants afin de les accompagner dans l’identification de leurs besoins et, le cas échéant, à engager les démarches pour recruter un alternant. 

Comment prévenir les ruptures de contrat ?

Le taux de rupture des contrats d’alternance est de 13 % net en 2021, un taux en légère hausse par rapport à 2020. Dans la région du Centre-Val de Loire, ce taux est inférieur à la moyenne nationale et se stabilise autour de 11 %. Afin de prévenir et de limiter les ruptures de contrats en alternance, nous devons être proactifs !

Nous recherchons les raisons qui ont conduit à cette rupture. Elles peuvent concerner l’entreprise, le jeune ou le CFA/OFA. Un manque d’engagement de l’alternant, un mauvais choix d’orientation, un absentéisme trop fréquent, un défaut d’encadrement par le maître d’apprentissage ou le tuteur… les raisons peuvent être diverses et multifactorielles. Ces éléments nous permettent de mieux accompagner les organismes de formation et les entreprises, afin de renforcer la sécurisation des parcours des jeunes alternants.