Alain Clapier explique comment l’IFPASS, en partenariat avec les acteurs de l’assurance, adapte le contenu de ses formations pour répondre aux enjeux de la transition verte, de la prévention et de la couverture des risques.
Quels sont les avantages de l’apprentissage en matière de transition écologique ?
Les impacts du changement climatique ne sont pas discutables. On comprend bien que les assureurs ne pourront pas couvrir des risques de plus en plus massifs sans faire exploser les primes d’assurance. Cette explosion des primes n’est pas envisageable. Au-delà de la gestion des sinistres, la prévention en amont et l’action du grand public sont ainsi essentielles pour réduire les risques et les impacts.
Les avantages de l’apprentissage en matière de transition écologique regroupent ceux de l’enseignement général et ceux de l’entreprise.
Concernant l’enseignement, le sujet est de sensibiliser les alternants pour une mobilisation à travers des actions concrètes en faveur du changement climatique et la protection de l’environnement. Les cours de culture générale et de langues notamment sont pour une large part orientés sur le développement durable, l’interdépendance des sociétés humaines, l’importance de la solidarité, le respect des écosystèmes et de la biodiversité.
Concernant l’entreprise, le sujet est orienté davantage vers la responsabilité sociétale et environnementale et s’appuie généralement sur un ensemble d’actions liées au développement durable voire raisonné. L’apprentissage permet donc cette double approche de la transition écologique.
Quelle est la stratégie de votre CFA pour développer les compétences pour la transition verte ?
Le secteur de l’assurance est au cœur de la transition écologique. Bien sûr avec la réduction des échanges papier et la digitalisation des interactions, avec la réduction des déplacements liée au télétravail, avec une meilleure gestion de la consommation d’énergies et la mise en avant des énergies vertes, avec le recyclage généralisé…
Le CFA de l’Assurance s’inscrit donc dans ces actions en accompagnant ses partenaires employeurs et en développant, souvent avec le soutien de l’Opco Atlas et des appels à projets, des solutions de formation 100 % digitales comme la Bibliothèque Digitale ou encore des business games accessibles 24h/24.
Concernant le contenu de nos formations et le développement des compétences pour la transition verte, des modules de sensibilisation ou d’approfondissement sont systématiquement intégrés dans les progressions pédagogiques.
Quels sont les enjeux dans ce domaine pour les CFA en général et le vôtre en particulier ?
Les enjeux sectoriels sont colossaux. L’été 2022 nous l’a encore montré si besoin était avec des incendies record en France et en Europe, des chaleurs dépassant les 40 degrés avec de lourds impacts sur l’agriculture ainsi que des restrictions d’eau. Les dégâts sont lourds et les assureurs sont immanquablement contactés pour gérer les sinistres occasionnés. On comprend aisément que le changement climatique doit s’accompagner d’une meilleure prévention des risques en amont, une prévention qui associe les acteurs de l’assurance, le grand public, les acteurs politiques et économiques et bien sûr les CFA. Notre CFA, en partenariat avec les grands acteurs du secteur, adapte le contenu de ses formations pour répondre aux enjeux de la transition verte, de la prévention et de la couverture des risques.
Avez-vous identifié des besoins spécifiques dans le secteur de l’assurance ?
Selon France Assureurs, le coût des sinistres liés aux événements naturels en France augmente depuis 40 ans, avec une accélération ces dernières années : nous sommes passés d’un coût moyen annuel d’un peu plus de 1 Md€ dans les années 1980 à 4 Md€ d’indemnisation au cours des dernières années, tous périls confondus. Ces coûts pourraient doubler au cours des 30 prochaines années en France.
Le changement climatique contribuerait pour un peu plus d’un tiers à cette augmentation. Les assureurs jouent déjà un rôle majeur dans la prévention et l’indemnisation des sinistres liés au changement climatique. En tant qu’investisseurs institutionnels, ils sont pleinement engagés dans la transition vers une économie durable : leurs investissements verts ont plus que doublé en trois ans, pour atteindre 113 Md€ à fin 2020. Tandis qu’en assurance-vie, les encours des unités de compte vertes, responsables et solidaires, ont également doublé.
Le besoin d’accompagnement des assureurs par des formations en alternance est de fait très important, que ce soit en souscription, en gestion des sinistres ou en gestion patrimoniale pour ne citer que ces trois fonctions clés lourdement impactées.
Comment s’organise votre offre de formation autour de la transition écologique ?
Chacun de nos programmes intègre de 14 à 35 heures de formation dédiées aux enjeux de l’environnement, au développement durable et de la transition énergétique.
Certains programmes comme le Master Manager Risques Innovations en partenariat avec l’Université Paris-Nanterre, sont articulés autour de la transition énergétique et donnent une large part à la prévention, à l’évaluation et à la gestion des risques émergents (dont les risques climatiques).
Les parcours proposés ont-ils évolué du fait de la transition écologique ?
Oui. Nos formations collent aux besoins du secteur et les contenus pédagogiques sont adaptés chaque année pour tenir compte des évolutions. La transition écologique mais aussi les évolutions de réglementation ou les besoins en sciences de données et en cybersécurité font systématiquement évoluer nos programmes et nos parcours de formation.
Développerez-vous prochainement des projets sur ce sujet ?
Nous sommes ravis de bénéficier du soutien de l’Opco Atlas pour co-financer nos projets en matière de transition écologique et plus largement l’ensemble de nos projets RSE. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas de projet spécifique en tant que tel sur la transition écologique : notre objectif est de maintenir l’actualisation de nos programmes face aux constantes évolutions des sinistres, de l’évolution des besoins des entreprises et de la règlementation.